KOUROU On ne peut décemment pas venir en Guyane sans visiter Kourou. Illustration d'un développement planifié complètement artificiel, Kourou est une entité à part qui lutte pour conserver son âme. Ici, les données économiques et position sociale sont en parfaite harmonie: c'est la hiérarchie du Centre Spatial Guyanais qui détermine l'organisation territoriale de la commune. Kourou est en quelque sorte une ville européanisée qui sans les toits en tôle du vieux bourg pourrait être prise pour Saint-Estève ou Biarritz.
![]() Du littoral vers le Vieux Bourg, on découvre successivement appartements et villas de moins en moins luxueux. Chacun, en fonction du poste qu'il occupe, trouve sa place dans cet environnement solidement structuré. Partout pourtant, palmiers, fontaines et immeubles modernes viennent rappeler que Kourou est la ville de la réussite économique, symbole de la toute-puissance d'une multinationale. Dans la zone la plus en retrait du littoral, le Vieux Bourg, quant à lui, rassemble tous ceux que le développement économique semble avoir oubliés. Communautés créole, surinamienne et surtout saramaka ont conservé ici leur habitat traditionnel et, surtout, un soupçon d'une vie sociale ancestrale. La cohabitation avec « Kourou la Nouvelle» est quelquefois difficile, surtout avec les légionnaires désormais interdits de séjour dans le Vieux Bourg. Quand bien même il ne ferait pas preuve d'un humanisme intransigeant, le visiteur sera choqué devant le contraste saisissant qui oppose les deux parties de la ville. II aura fallu 25 ans pour que ces problèmes d'inégalité soient enfin traités avec rigueur et autorité. Les choses changent et à présent, un processus d'intégration plus global des différentes communautés est en cours. Kourou aura besoin de temps et de personnalités au charisme exceptionnel pour résoudre ses problèmes sociaux, mais le seul fait d'accepter de les voir est déjà encourageant.
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